Quelques (mé)faits à propos de la consommation de viande

Mode de bobo, délire de hippie, le végétarisme devient presque à la mode. On voit de plus en plus de personnes qui ne mangent plus que peu, voire plus du tout de viande ni de poisson.

Cet engouement n’est pas seulement lié à la cruauté de l’acte en lui-même, à savoir ôter la vie à des milliards d’être sensibles chaque année dans des conditions horribles, après les avoir élevés dans des conditions aussi horribles, moins considérés que des objets, uniquement parce que nous aimons cela (1).

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Au delà de cela, la surconsommation de viande à des effets importants et bien réels sur la planète, la santé et même sur les hommes, et tous ces effets sont loin d’être intuitifs.

Pour l’environnement, la viande est très mauvaise. Un kilo de bœuf va nécessiter 15.000 Litres d’eau, et émettre 28 Kgs de CO² , lorsque pour un Kg de farine ou de pommes c’est environ 10 fois moins. Ce kilo de bœuf, puisqu’il va être élevé en stabulation dans la plupart des cas, va demander une dizaine de kilos de céréales dont une partie va être cultivée sur une forêt fraîchement rasée en Afrique ou au Brésil, ainsi qu’une gabegie d’énergie, avec pour résultat un aliment de qualité médiocre.


Il reste quelques éleveurs “bien de chez nous”, mais ils utilisent rarement des céréales locales, trop chères et plutôt réservées aux humains, et préfèrent le tourteau de soja OGM de Brésil ou des Etats-Unis, bien plus compétitif. Et avez-vous déjà vu des élevages de cochons, de lapins ou de poules en plein air ? Cela n’existe tout simplement pas ! Les contraintes économiques de compétitivité obligent les éleveurs à concentrer toujours plus leurs animaux dans ce qui devient des véritables usines à viande, et des pollutions monstrueuses en découlent. Le problème des marées vertes en Bretagne et de la pollution aux nitrates d’une grande partie des fleuves est dû à cette concentration insensée et totalement artificielle d’animaux.

Le coût humain n’est pas non plus à négliger. Si certains terrains, trop pentus ou trop pauvres pour être cultivés autrement conviennent parfaitement à l’élevage, ce n’est pas le cas de la majorité des terres. La surface cultivée pour produire uniquement du fourrage est déjà importante et augmente vite, entraînée par l’augmentation de la consommation de viande. Cela augmente la demande en céréales de manière importante, et tant pis pour les humains pauvres qui ne pourront plus se payer leur bol de riz ou de blé à cause de la volatilité des cours de la bourse des matières premières. De là à affirmer qu’un bon gros steak chez nous, c’est un enfant pauvre Africain qui ne mangera pas aujourd’hui, il n’y a qu’un pas.

De plus, les investissements consistant à acheter de grandes surfaces agricoles dans les pays pauvres ou en développement ne se comptent plus : On achète des morceaux entiers de forêt primaire, des régions entières en Afrique pour pouvoir faire pousser toujours plus de céréales. Et encore une fois, tant pis pour les gens qui vivaient là, ils iront ailleurs.

Et n’oublions pas l’impact sur la santé ! Les graisses saturées contenues dans la viande font des ravages. Si le cholestérol, les cancers, l’obésité ne sont bien sûr pas des maladies de civilisation uniquement provoquées par l’excès de viande, sa participation n’est plus à prouver non plus.

Les poissons ne sont pas en reste, ils proviennent de plus en plus souvent d’élevages surpeuplés eux aussi, et faut-il rappeler que les océans sont bourrés de plastique, PCB, mercure et autres particules radioactives ? Les poissons carnivores comme le saumon sont encore plus concentrés en polluants car ils sont plus haut de la chaîne alimentaire. Les méthodes de pêche industrielle sont particulièrement destructrices, on aurait perdu 90 % de la biomasse marine en un siècle…

Tout ces animaux sont bien sûr bourrés d’antibiotiques, comment des milliers d’animaux concentrés au même endroit pourraient-ils ne pas tomber malades sans cela ? Cet apport massif favorise grandement la résistance aux antibiotiques de nombreux agents pathogènes, voir en faire apparaître de nouveaux,  comme H5N1 par exemple. Et faut-il rappeler la vache folle, le poulet à la dioxine, les lasagnes de bœuf de cheval, et tant d’autres…

L’industrie alimentaire abuse clairement de nous, ses excès sont innombrables. Elle ne mérite pas notre argent après nous avoir tant abusés. Nous devons nous organiser, des solutions existent : La vente directe, AMAP, l’autoproduction locale sont des exemples que nous devons mettre en place et favoriser, car une solution miracle venue d’en haut n’arrivera jamais !

Pour un monde plus juste, plus équitable et plus écologique, il est plus qu’urgent de végétaliser notre alimentation et de la relocaliser. L’élevage devrait retourner à la place qu’il n’aurait pas dû quitter : sur les terres non exploitables autrement, et la viande doit être réservée aux grandes occasions. Pour cela, il faut aider les producteurs à se reconvertir, en mangeant bien moins de viande, et en l’achetant en bio et local, comme tout le reste !

Yoann Tabellion

(1) En effet, il n’y a que dans quelques pays dont la France que l’idée que “la viande est nécessaire” est aussi répandue. Voyez par exemple la position officielle de l’association américaine de diététique canadienne au sujet du végétarisme : http://www.unjoursansviande.be/pdf/position-AAD.pdf

Autres documents :
– le numéro d’octobre 2015 de S!lence !
– « faut-il être végétarien » de Claude Aubert http://decroissance.lehavre.free.fr/bibliographie.htm#viande
– « L’Industrie de la viande menace le monde » par Nicolino http://www.partipourladecroissance.net/?p=4090
– et surtout « faut-il manger les animaux » de Jonathan Safran Foer http://www.lesinrocks.com/2011/01/18/actualite/faut-il-manger-les-animaux-entretien-avec-jonathan-safran-foer-1121069/
http://www.partipourladecroissance.net/?p=5494

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